6 mars 1878 : Naissance de Pierre Joseph Cassant « aux Gaillots », le domaine familial, situé à deux kilomètres du village de Casseneuil-sur-Lot. Ses parents, Pierre et Marie-Anaïs, exploitent un domaine de vignes et de pruniers. Émile, le grand frère de Joseph, était né 9 ans plus tôt, le 31 juillet1869. La famille Cassant est très croyante et pratiquante.
7 mars 1878 : Baptême de Joseph dans l’église du village.
7 mars 1884 : Joseph, accompagné par Émile, se rend pour la première fois à l’école, chez les frères de saint Jean-Baptiste de la Salle. L’enfant est vaillant à l’étude, mais… il a peu de facilité pour apprendre, une mémoire très limitée. Avec le temps, cela devient un handicape, mais Joseph reste simple, docile, agréable, et toujours souriant. Il ne se laisse pas abattre et occupe les temps des récréations à retravailler ses cours. C’est qu’il pense devenir prêtre… La réflexion d’un frère qui enseigne à l’école le libère intérieurement : « Ce n’est pas un péché, lui dit-il, de travailler pendant les récréations, mais ce n’est pas la perfection, qui consiste à être entièrement à Dieu ».
15 juin 1890 : Chez les frères, Joseph reçoit une éducation religieuse bien cadrée, il fait sa première communion le 15 juin. Après cette première communion, il affirme plus que jamais sa volonté de devenir prêtre. L’abbé Tulle, le vicaire de la paroisse, entreprend donc de lui enseigner le latin.
18 décembre 1892 : Avec plus de cent vingt enfants, Joseph reçoit la Confirmation au cours de trois semaines de mission dans la paroisse. La mission est conduite par deux capucins qui impressionnent le jeune Cassant.
Septembre 1893 : En raison de ses résultats scolaires insuffisants, Joseph ne peut entrer au Petit Séminaire. C’est une épreuve pour l’adolescent. L’abbé Filhol, le curé propose de l’accueillir au presbytère où le nouveau vicaire, le père Monneins, lui donne des cours particuliers de français et de latin. Pendant un an, Joseph est heureux « d’être près de l’église et des prêtres de Jésus ». Dans la paroisse, on le considère comme « un petit religieux ». Joseph éprouve un profond respect pour le père Filhol à qui il se confie. Il passe de longues heures devant le tabernacle. Rien n’échappe au curé. Joseph assiste le sacristain, Antoine Laborie, père de six enfants. Une confiance affectueuse unit l’adulte au garçon. Malgré tous ses efforts, le jeune Joseph ne peut pas intégrer le séminaire ; l’abbé Filhol lui propose alors la vie monastique. Les trappistes ne sont pas en charge de paroisse, mais peuvent devenir prêtre. Joseph est porté au silence, à la prière. La vie monastique est plus appropriée pour Joseph qui se réjouit de la proposition de son curé. Mais le jeune garçon est fragile de santé, et la vie dans une trappe est rude… Le curé a une idée, il transforme le presbytère en trappe pour voir comment Joseph va assumer la vie austère. Horaire, travail manuel, régime alimentaire, tout y est, et l’expérience est satisfaisante. Après avoir convaincu les parents, réticents à l’idée de « sévérité de vie et de clôture stricte », le père Filhol prend contact avec la trappe du Désert, près de Toulouse. C’est le coup de foudre, Joseph est séduit par le lieu, et surtout le père-maître, le père André Malet, un homme bon et pédagogue. Joseph est touché par les premiers mots qu’il lui adresse : « Ayez confiance, je vous aiderai à aimer Jésus ».
5 décembre 1894 : Joseph entre au monastère de sainte Marie du Désert. Il a 16 ans et neuf mois. Malgré sa timidité, sa sensibilité, ses scrupules, il s’adapte vite et bien, il est heureux. Offices, messe, lecture de la Bible et des auteurs spirituels, travail manuel, enseignements au noviciat, rencontres avec le père-maître, rythment ses journées.
6 janvier 1895 : Joseph reçoit l’habit et prend le nom de frère Marie-Joseph.
17 janvier 1897 : Fête du saint Nom de Jésus, frère Marie-Joseph fait sa profession simple.
24 mai 1900 : Le jour de l’Ascension, c’est la profession solennelle. Frère Marie-Joseph écrit : « L’amour unit plus que les vœux ».
Un frère fera ainsi le portrait du jeune moine, en quelques mots qui résument ce qu’il fut en vérité, devant Dieu et les moines de sainte Marie du Désert, un moine excellent, selon le cœur de Dieu : « Il était simple comme une colombe. Ce n’était pas un raisonneur, ni un grognon. Il était toujours content, c’est ce qui faisait la beauté de sa physionomie. Tout le monde l’aimait et l’estimait. Il souriait toujours ». Peu de temps après la profession, le père abbé, dom Candide lui propose le sacerdoce. Un honneur, mieux : un bonheur pour le jeune moine qui avait écrit un jour : « L’eucharistie est le seul bonheur de la terre »… Joie immense quand le père abbé lui donne comme professeur le père André, son ancien père-maître qu’il aime beaucoup. Avec lui, frère Marie-Joseph sait qu’il pourra apprendre car il est patient et enseigne avec onction, il sait s’adapter à ses lenteurs. Mais le père André doit laisser l’enseignement car on lui confie de multiples charges. Son nouveau professeur l’accable de reproches et d’insultes, il ne comprend pas les difficultés de Joseph… Mais le jeune moine tient bon, soutenu par son directeur spirituel, le père André.
12 octobre 1902 : Frère Marie-Joseph est ordonné prêtre par monseigneur Augustin Marre, abbé d’Igny et auxiliaire du cardinal Langénieux, archevêque de Reims. Dom Augustin dira du jeune moine le jour de l’ordination : « Quelle figure angélique ! »
13 octobre 1902 : Père Marie-Joseph Cassant se rend en famille pour se reposer jusqu’au 2 décembre, car il est atteint de la tuberculose. C’est une grande joie pour les Cassant et les amis de Cassenueil de le recevoir, mais père Marie-Joseph reste nostalgique de son monastère.
2 décembre 1902 : Père Marie-Joseph reprend la vie monastique intégralement, mais très vite il se fatigue, la maladie gagne du terrain. A l’infirmerie, le frère qui le soigne est son ancien professeur de théologie, celui-ci lui impose abstinence ou lait tourné… Le père Joseph ne se plaint jamais. Il souffre d’étouffement, d’escarres. Le jeune homme dit : « Je suis heureux de souffrir pour Jésus et pour l’Église ». C’est le commencement d’un chemin de croix, mais le père André, son père et ami spirituel est là pour le soutenir, il lui rend souvent visite, l’écoute, lui fait la lecture, prie avec lui.
17 juin 1903 : Le père Marie-Joseph meurt de la tuberculose. Le matin de son décès, le père André était passé voir Marie-Joseph, il lui avait donné la communion. Tous les deux avait demandé à Jésus « que cette communion soit le gage de la communion éternelle ». Mais le père André doit quitter l’agonisant pour aller célébrer la messe de la sainte Vierge. Au moment où il est à l’autel « à l’intention de son fils mourant », père Marie-Joseph Cassant s’éteint… Avant d’être mis en terre, le père André glissa dans la manche du jeune moine un parchemin portant ces lignes : « Ici repose le père Marie-Joseph Cassant, prêtre et moine de sainte Marie du Désert. Il fut un homme juste, simple et droit. Aimé de Dieu et des hommes, sa mémoire est en bénédiction. Dieu l’a sanctifié dans la foi et la douceur et l’a choisi parmi toute chair. Il est décédé dans la 25ème année de son âge, la 9ème de sa vie religieuse, le 17 juin 1903 ». Le père Cassant était entré dans la lumière, mais aussi dans la gloire…
Le 9 juin 1984, le pape Jean-Paul II proclame l’héroïcité des vertus du père Marie-Joseph, et le 3 octobre 2004, il procède à sa Béatification, célébrée, place saint Pierre, à Rome
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